YVES CONSTANTINIDIS CONSULTANT

Pas d’approche universelle

Exprimer les besoins est une affaire de bon sens. Et aussi un défi au bon sens, car il s’agit de rompre avec l’existant tout en tenant compte de cet existant.

L’année dernière, j’ai publié un article sur « les douze réalités » et vous ai promis un article par mois. Dont acte …

La première réalité, que j’ai pu constater sur le terrain, s’énonce ainsi :

Il n’existe pas d’approche universelle d’expression des besoins.

Dit autrement, il n’y a pas de méthode miracle. Tous les coups sont permis, mais certains coups sont plus efficaces que d’autres.

C’est une réalité, car l’expression des besoins est à cheval entre la stratégie du système d’information, dont le but est de soutenir la stratégie de l’entreprise, et la conception-réalisation ou le choix d’un logiciel qui sera mis à la disposition des opérationnels.

Prenons un exemple dans le monde hospitalier. Un établissement de santé, voire un groupement hospitalier du territoire (GHT) décide de gérer les flux de patients de manière systématique, organisée, globale et outillée, à l’échelle de l’établissement, voire du territoire. Définir les besoins pour un logiciel, c’est établir un pont entre la décision stratégique (gérer les flux de patients) et le besoin opérationnel (trouver un lit pour un patient, ainsi qu’un brancardier pour transporter ce patient).

À ces objectifs et besoins s’ajoutent des contraintes de toutes sortes : réglementaires, physiques, budgétaires, temporelles … dont il faudra tenir compte, ainsi que des exigences de qualité du produit (fiabilité, utilisabilité, sécurité, etc.). Là aussi, il s’agit de bâtir un pont entre les besoins exprimés et la mise en œuvre (l’« implémentation ») d’un produit ou un service.

Existe-t-il une méthode étape par étape, qui permette d’exprimer les besoins, depuis les objectifs stratégiques jusqu’à la publication du cahier des charges, en tenant compte de toutes les contraintes ?

Réponse : Oui et non.

Oui, il existe une démarche générique adaptée aux projets de taille moyenne et aux logiciels de gestion, que je décris dans les grandes lignes dans mon ouvrage, le Guide pratique du cahier des charges informatique.

Oui, il existe de nombreuses techniques et outils, j’en détaille un certain nombre dans mon livre Expression des besoins pour le SI.

Non, pas plus que n’existe « la méthode universelle pour construire un pont ».

Le pont Rion-Antirion, golfe de Corinthe, Grèce

Quelles similitudes voyez-vous entre le pont Rion-Antirion (illustré plus haut) et le pont de l’Île de Ré (ci-dessous) ?

Le pont de l’Île de Ré, Charente-Maritime, France

Pensez-vous que les mêmes techniques et outils ont été utilisés pour construire ces deux ponts ?

Comme le génie civil, le génie logiciel donne des outils et des techniques. Posséder ces outils et techniques est utile, mais loin d’être suffisant. Et comme lors de la construction d’un pont, il faudra s’adapter à la fois aux objectifs et aux contraintes du terrain. Les objectifs sont souvent très variés. Et les terrains fort dissemblables.

Disposer d’une « boite à outils méthodologique » et d’une démarche globale vous sera indispensable, mais comme en génie civil, il vous faudra souvent construire des outils spécifiques et adapter la démarche au terrain.

Rendez-vous en février pour en savoir plus sur la deuxième réalité !

© 2024 Yves Constantinidis

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