YVES CONSTANTINIDIS CONSULTANT

Contrainte : « faire simple »

Comment formaliser dans un cahier des charges une contrainte qui, dans le langage courant, s’énonce ainsi : faites quelque chose de simple !

Il y a un mois, j’ai pensé faire développer une petite application de gestion pour mes propres besoins. J’ai suivi la démarche classique : analyser les besoins, définir les contraintes, élaborer le cahier des charges.

Le modèle conceptuel des données était des plus simples :

D’après un ami développeur expert en Access, il faudrait prévoir 2 à 5 jours de charge de réalisation.

Mon annonce

Pour trouver mon prestataire, j’ai contacté 12 développeurs Access-VBA sur une plate-forme de freelances, avec cette annonce :

        Bonjour,

        J’ai besoin d’une application de gestion, très simple, sous MS-Access.

Vous trouverez ci-joint un cahier des charges.

        Bien cordialement,

        Yves Constantinidis

Les offres

J’ai reçu 7 propositions. Le tableau suivant indique pour chacun d’eux (j’ai changé les prénoms), la charge de travail proposée, le tarif journalier moyen (TJM), et le coût total hors taxes. J’y ai ajouté ma perception de leur compréhension du problème, et la pertinence de leur solution.

On constate un rapport d’un facteur 8 sur les charges, et d’un facteur 15 sur le coût total ! C’est énorme.

Des écarts impressionnants

J’ai analysé les CV des candidats, les échanges que j’ai eus avec eux, et leurs propositions écrites. J’en ai déduit trois grands types de développeurs :

  • les pragmatiques, qui s’appuient sur une expérience de terrain,
  • les conceptuels, qui s’appuient sur une méthodologie rigoureuse,
  • les dangereux, incompétents qui pensent bien faire.

L’écart de tarif journalier entre « pragmatiques » (300-400 €/jour) et « conceptuels » (600-700) peut s’expliquer par l’expérience, et aussi par leur positionnement sur le cycle de vie du logiciel : la conception est mieux payée que la réalisation.

De plus, les « pragmatiques » proposent une solution simple. Les « conceptuels » s’orientent vers une solution complexe. De ce fait, plus le tarif journalier est important, et plus la charge de travail estimée est importante. D’où un coût total qui grimpe en flèche.

Dans la catégorie des « dangereux », on trouve des prestataires qui ont mal perçu le problème et/ou proposent une solution inadéquate. Georges a proposé de simplifier à l’extrême mon modèle conceptuel, par ailleurs très simple. Ivan a proposé une solution basée sur Excel, un total contresens. Si vous acceptez une proposition de ce type, vous risquez de payer très cher une application défaillante, inefficiente ou non maintenable.

La réponse pertinente

Sur le plan technique, les meilleures réponses sont aux extrêmes. Anne a une approche simple, directe, efficace. Norbert apporte une belle réponse, largement surdimensionnée.

C’est Anne qui emporte l’affaire. Son offre tient compte d’un besoin formulé, non dans le cahier des charges, mais dans mon annonce :

J’ai besoin d’une application très simple.

En tant qu’expert en ingénierie des besoins, je me pose une question : comment spécifier, formellement, cette contrainte de simplicité ?

Je suis à l’écoute de toutes vos idées, suggestions et opinions. Je les publierai dans mes prochains articles.

Yves Constantinidis

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