YVES CONSTANTINIDIS CONSULTANT

CMMI et définition des besoins

Après avoir déminé quelques idées fausses sur CMMI (voir mon précèdent article sur ce blog) penchons-nous sur la manière avec laquelle CMMI traite de l’ingénierie des exigences.

Rappelons que, formellement, l’ingénierie des exigences comporte deux types d’activités :

  • le développement des exigences, qui consiste à définir les besoins et à élaborer un cahier des charges,
  • la gestion des exigences, qui consiste à gérer les changements et les évolutions des exigences .

Dans CMMI, ces activités correspondent respectivement aux domaines de processus RD (Requirements Development) et REQM (Requirements Management).

En parcourant le modèle on s’aperçoit que REQM est au niveau 2, alors que RD est au niveau 3.

Nombreux sont ceux qui s’en étonnent !

« Quoi ? Faut-il d’abord apprendre à gérer les changements des exigences avant d’apprendre rédiger un cahier des charges ? »

Si on considère le modèle comme un texte sacré, peut-être (et encore !).

Mais cette perception résulte d’une lecture littérale, quasiment fanatique, du modèle CMMI.

Il n’est écrit nulle part qu’il faut être « certifié » CMMI niveau 2 avant de commencer à s’occuper des processus de niveau 3.

Il n’est écrit nulle part qu’il faut maitriser à la perfection un domaine de processus avant de passer au suivant.

Il n’est écrit nulle part qu’il faut apprendre à gérer les changements des exigences avant de savoir spécifier les exigences.

Ces idées fausses sont largement auto-entretenues, y compris par certains professionnels de CMMI qui ont perdu le contact avec le terrain et qui ne voient l’amélioration des processus qu’à travers leur modèle. J’ai entendu un jour une évaluatrice dire, à propos d’un client « Ils veulent améliorer leur définition des exigences. Ils feraient bien d’apprendre à les gérer, d’abord ». C’est un comble ! Apprendre à gérer ce qu’on ne sait pas écrire est un non-sens. C’est pourtant ce que l’on fait quand on s’obstine à suivre CMMI à la lettre, et que l’on s’occupe plus de sa prochaine évaluation CMMI et d’une soi-disant « certification » (qui n’en est pas une) plutôt que de s’activer à améliorer la qualité de ce que l’on produit.

Le niveau 2 traite de la « gestion de projet basique » ; alors que le niveau 3 traite de la standardisation des processus. Comme le développement des exigences ne fait pas partie de la « gestion de projet basique », il se retrouve au niveau 3. Cela ne devrait empêcher aucune entreprise d’apprendre à élaborer un cahier des charges de qualité. Pour beaucoup d’entreprises, et pour la quasi-totalité des administrations, savoir exprimer les besoins avec clarté et précision est vital. Alors autorisons-nous à le faire ! N’attendons pas d’être d’abord certifiés en gestion de projet !

Dans la nouvelle version de CMMI, (ladite V2.0, encore peu mise en œuvre) les deux domaines de processus sont fusionnés en un seul domaine de pratiques (PA, Practice Area) dénommé RDM (Requirements Development & Management) … qui se retrouve cette fois au niveau 2.

Ouf ! Il en était temps ! Maintenant on peut « officiellement » apprendre à recueillir les besoins AVANT d’apprendre à les gérer !

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