Cela fait presque trente ans que j’écris et publie. Ouvrages, articles et guides divers. Depuis 1998, j’ai publié sept ouvrages chez trois éditeurs différents, auxquels s’ajoutent trois livres en autoédition.
Je suis autoéditeur et autoentrepreneur, et pourtant je ne conseillerais à aucun auteur et à aucun consultant de commencer sa carrière de cette manière. Moi-même, je n’ai envisagé mon « indépendance » (d’auteur et de consultant) qu’au milieu de ma carrière.
Car le métier d’auteur, comme le métier de consultant, s’apprennent au contact de la réalité du terrain, et pour appréhender cette réalité vous avez besoin d’un coach. Et en l’occurrence, les meilleurs coachs dans le monde du conseil sont votre patron (s’il est lui-même consultant) et vos collègues séniors.
Dans le monde de l’édition, votre meilleur coach est votre directeur de collection ou, à défaut, votre éditeur.
Dans ma carrière d’auteur, j’ai eu la chance et le privilège d’avoir un directeur de collection de grand talent, Nicolas Manson, aux éditions Hermès. Avec beaucoup de diplomatie et de pédagogie, il m’a appris à structurer un texte, à l’organiser, à mettre en lumière les idées originales. En véritable coach, Nicolas m’a appris le métier d’auteur d’ouvrage scientifique et technique, jusqu’au jour où je suis devenu autonome. Après trois livres, je suis devenu potentiellement mon propre directeur de collection.
Écrire un ouvrage scientifique ou technique n’est pas chose facile. Trouver un bon éditeur non plus. J’en ai encore eu la confirmation hier après-midi après avoir lu le livre d’un confrère, un livre très médiocre, mal écrit et mas structuré. De plus, une typographie calamiteuse, l’absence de de table des matières, de glossaire, d’index, de structuration ont rendu le livre quasiment illisible. L’éditeur, dont je tairai le nom, a pourtant pignon sur rue en plein quartier latin.
Les étapes de la structuration
Quelle est la méthode à suivre pour un ouvrage réussi ? Chaque auteur a la sienne, et chaque éditeur aussi. Et pour chaque type d’ouvrage, la méthode diffère. Cependant, il y a des grandes étapes à suivre. Je vous propose de suivre les principes suivants :
- Définissez les objectifs, le thème et le lectorat potentiel en quelques lignes, et par écrit.
- Rédigez la structure (les titres) avant le contenu (le corps du texte).
- Élaborez la structure de haut niveau (les titres de chapitre)
- Décrivez le contenu de chaque chapitre en deux ou trois lignes.
- Faites de même pour le deuxième niveau.
- Si cela vous paraît nécessaire, faites de même pour le troisième niveau.
- Après chacune des étapes ci-dessous, faites relire par un expert.
Votre relecteur expert devra être à la fois critique (sur le fond) et bienveillant (vis à vis de vous). Son domaine d’expertise devra être différent du vôtre, sans être trop éloigné.
Ce n’est qu’après la 2e ou la 3e étape que vous contacterez un éditeur. Vous aurez suffisamment de matière pour l’intéresser, et éventuellement pour négocier avec lui. Ne donnez pas toute la matière à votre éditeur. C’est inutile et contreproductif. Gardez-en « sous la pédale ».
Le temps de la rédaction
Avec cette préparation et un peu de chance, vous allez signer un contrat d’édition. C’est là que la rédaction du contenu va vraiment commencer. Entre temps, vous aurez élaboré un plan projet. Ce qui est normal, car vous aurez signé un contrat d’édition définissant le titre provisoire, le contenu, le lectorat cible et le délai de livraison.
Après avoir écrit quelque pages, ou un chapitre entier, laissez reposer. Attendez quelques jours avant de vous relire, afin d’avoir du recul (en attendant, vous pouvez vous attaquer à un nouveau chapitre, ou améliorer un chapitre déjà écrit). Après quelques jours, voire un mois, reprenez votre texte. Relisez-le d’un œil critique, c’est à dire en vous mettant à la place d’un lecteur :
- dont le niveau d’expertise dans votre domaine est quasi nul,
- qui a un niveau d’expertise très élevé dans un domaine différent du vôtre
- qui est têtu, buté, de mauvaise foi et vous dit qu’il ne comprend pas votre texte.
La capacité de se relire d’un œil critique est fondamentale. On me dit souvent que mes textes sont très clairs. J’attribue cette clarté au fait que je relis mes textes avec, en tête, cette triple contrainte.
Après avoir élaboré un module conséquent de votre livre (un chapitre, ou une partie de chapitre), faites-le relire, cette fois à un « œil extérieur ». L’idéal est de le faire relire à votre directeur de collection, mais ce métier tend à disparaître. Aujourd’hui, l’éditeur lira directement l’entièreté de votre ouvrage à son stade quasi-définitif, c’est à dire lorsqu’il sera trop tard pour corriger les dérives. Personnellement, j’arrive à me comporter comme un « œil extérieur » vis-à-vis de moi-même, mais cela fait quelques décennies que j’écris et que je publie.
Et l’autoédition ?
Personnellement, je trouve la relation éditeur-auteur rassurante et enrichissante. Et puis, retrouver un de mes livres sur les rayons de la librairie de l’éditeur est pour moi une source de grand bonheur. Mais il y a des moment où on a besoin, ou envie, de voler de ses propres ailes. Dans ce cas, on se tourne vers l’autoédition.
Avec l’autoédition, vous gardez tous les bénéfices … et en contrepartie vous prenez tous les risques ! Personnellement, j’adore m’auto-éditer, cela m’apporte la liberté absolue sur la forme et sur le contenu. Je travaille la mise en page et la composition, et je vais jusqu’à composer moi-même la maquette de la couverture de mes livres. Mais cela a un coût, à la fois en temps de travail et en droits d’auteur. En autoédition, je ne vends quasiment rien (mes ouvrages auto-édités me sont surtout utiles comme supports de formation).
… Car une bonne maison d’édition a une réelle valeur ajoutée : relecture, correction, mise en page, supervision du travail de l’imprimeur, du diffuseur, du distributeur et bien sûr … vente de vos ouvrages. Alors suivez mon conseil : Lorsque votre ouvrage aura mûri (cf les étapes 1 à 3) cherchez et trouvez un bon éditeur. Je ne donne pas de noms ici, mais n’hésitez pas à me contacter.